Abel et Caïn
I
Race d'Abel, dors, bois et mange;
Dieu te sourit complaisamment.
Race de Caïn, dans la fange
Rampe et meurs misérablement.
Race d'Abel, ton sacrifice
Flatte le nez du Séraphin!
Race de Caïn, ton supplice
Aura-t-il jamais une fin?
Race d'Abel, vois tes semailles
Et ton bétail venir à bien;
Race de Caïn, tes entrailles
Hurlent la faim comme un vieux chien.
Race d'Abel, chauffe ton ventre
À ton foyer patriarcal;
Race de Caïn, dans ton antre
Tremble de froid, pauvre chacal!
Race d'Abel, aime et pullule!
Ton or fait aussi des petits.
Race de Caïn, coeur qui brûle,
Prends garde à ces grands appétits.
Race d'Abel, tu croîs et broutes
Comme les punaises des bois!
Race de Caïn, sur les routes
Traîne ta famille aux abois.
II
Ah! race d'Abel, ta charogne
Engraissera le sol fumant!
Race de Caïn, ta besogne
N'est pas faite suffisamment;
Race d'Abel, voici ta honte:
Le fer est vaincu par l'épieu!
Race de Caïn, au ciel monte,
Et sur la terre jette Dieu!— Charles Baudelaire
I once wrote part of a novella on the topic of Cain and Abel. I didn't finish it, but I had titled it "The Open Country" – this was because the version of the Bible that I read all the way through for my Old and New Testament classes in college was the modern New English Bible translation (1970), which renders the first part of Genesis 4:8 as "Cain said to his brother Abel, 'Let us go into the open country.'" This is not, actually, the most accepted translation of this verse, which is more commonly rendered "Let's go out to the field." But that latter sounds so prosaic – while the NEB version resonated with me – to such an extent that it became the germ of a story that still sticks with me to this day.